Libéré après dix-huit années de prison, l’opposant politique O Hyônu apprend que Han Yunhi, la femme qu’il a aimée, est morte. Elle lui a laissé des lettres, son journal, des carnets et dessins. Désemparé, perdu dans une Corée qui a considérablement changé, O Hyônu se remémore ses années d’utopie et de lutte clandestine, sa rencontre avec Han Yunhi, leurs quelques mois d’idylle hors du temps, puis les années d’enfermement. Surtout, il se plonge, passionnément, dans le Journal que Han Yunhi a écrit pour lui durant toutes ces années, revivant l’itinéraire de la jeune artiste peintre des années 1970 aux années 1990, son implication dans un réseau de résistants, son séjour en Allemagne, la chute du mur de Berlin. Se dessine alors un magnifique portrait de femme.
Sombre et émouvante romance après le coup d’Etat en Corée du Sud.Le précédent film d’Im Sang-soo,
The President’s Last Bang, cernait avec minutie l’assassinat du tyran Park Chung-hee, en octobre 1979.
Le Vieux Jardin brasse les événements qui ont suivi : l’état de siège décrété après le coup d’Etat militaire de 1980, les manifestations étudiantes et la répression de l’armée. Mais le ton a changé.
The President’s Last Bang était un constat politique à la Francesco Rosi.
Le Vieux Jardin en est le double inversé : une méditation romanesque à la Sydney Pollack, lorsqu’il recréait tout le maccarthysme des années 50 autour des aléas sentimentaux du couple Robert Redford-Barbra Streisand dans
Nos plus belles années.
Hyun-woo est jeune, beau, ardent et socialiste. Poursuivi, il se réfugie à la montagne auprès d’une jeune femme, Yoon-he, pour qui seul l’art autorise qu’on lui sacrifie sa vie. Elle l’aime dès le premier regard et pour la vie. Lui la quitte : la scène de leurs adieux, où l’on entend toutes les pensées qu’elle n’ose lui dire, est magnifiquement belle, digne des mélos hollywoodiens d’autrefois, ceux de Vincente Minnelli, notamment. Sorti de prison, où il a échoué très vite et pour longtemps, Hyun-woo cherche à retrouver des traces d’elle : les tableaux qu’elle a peints, le journal qu’elle a tenu et cette fille qu’elle a élevée jusqu’à sa mort…
L’esthétisme d’Im Sang-soo – mais aucun film sud-coréen n’y échappe – pourra en agacer certains. Tout comme l’image du révolutionnaire top model, interprété par un jeune premier qui, même après son incarcération, ressemble toujours à une gravure de mode. Mais le film est constamment sublimé par le personnage de Yoon-hee, une femme splendide et forte, qui se moque de la politique puisqu’elle incarne la vie, et pose un regard empreint d’ironie sur ceux qui, au nom du bien collectif, traitent mal ceux qui ont l’imprudence de les aimer.La violence du film précédent est bien là, mais elle n’éclate que par touches fugaces : des flics tabassent des manifestants avec une rage froide. Une jeune fille s’immole par le feu, et les traces de sa mort restent visibles, des années plus tard. Hyun-woo nargue le gardien qui le tor-ture, mais laisse échapper des sanglots alors que le noir s’est fait sur l’écran… C’est le doute, néanmoins, qui domine ce film émouvant et sombre. Ce qui a bien sûr provoqué le mécontentement de quelques vieux Sud-Coréens orthodoxes.
" Je n’accepte pas que les activistes des années 80, grâce à qui la société coréenne est aujourd’hui meilleure, soient constamment béatifiés et élevés au rang de martyrs ", a sèchement répliqué Im Sang-soo. D’ailleurs, en les montrant vulnérables, il les a rendus plus grands encore.
Pierre Murat
Télérama n° 2987 - 14 Avril 2007
Un film vu hier que je vous recommande. Cette histoire d’amour sur fond d'Histoire est bouleversante, poétique, sa sensibilité à fleur de peau sublime l’insoutenable cruauté des hommes…Sa musique, quelques touches au piano sont magnifiques !
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18724357&cfilm=115558.html
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18724360&cfilm=115558.html
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18724361&cfilm=115558.html
"Il ne faut pas avoir peur des vagues qui agitent votre âme. C'est ça, la vie.
" [ Hwang Sok-Yong ] - Extrait du livre : Le vieux jardin.
http://www.lelitteraire.com/article1817.html
http://www.amazon.fr/vieux-jardin-Sok-Yong-Hwang/dp/2843043387
Marie-Jo