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 Les encombrants de Marie Sabine Roger

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Britanya
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MessageSujet: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeMer 23 Mai 2007 - 22:53

Les encombrants de Marie Sabine Roger M0705041457475_p1



Un petit livre de 86 pages sur les personnes âgées..différents regards ,sous forme romancée, qui peuvent se lire séparément...touchants car tellement vrais...

...il y a "Eliette et son drôle de Léonard"...j'ai beaucoup ri au début car j'y retrouvais des réflexions de vieux couple mais la suite...bon bah ,vous lirez...

Un petit passage:

Éliette les couve de l'oeil, faut voir ça. Elle va et vient, les fait asseoir, fait chauffer l'eau pour le café, le thé, pour tout ce qu'on voudra. Elle revient de la réserve avec deux bûches. Ils se relèvent mollement pour l'aider. Elle se récrie, non non, elle se débrouillera toute seule, allons donc ! Ils se rassoient, se calent sur leurs chaises. On voit bien qu'ils s'ennuient.
Eliette dit, de la cuisine :
- J'ai pensé qu'une galette des Rois, ça ferait plaisir aux petits. Ils aiment ça au moins ?
Silence. Elle ajoute :
- On va la découper, et puis on laissera Mathieu choisir les parts...
- Oui, euh... Ils ont déjà goûté en route... Ils n'ont sûre­ment pas très faim.
- Ah ?... On la gardera pour le dessert de ce soir, alors ! Je vous ai fait un pot-au-feu. Vous allez vous régaler ! Les petits dormiront dans la chambre bleue, j'ai préparé le lit. Laure et toi, je vous ai installés en haut, vous serez bien...
Elle ne voit pas leurs têtes qui s'allongent. Moi si. Elle entend seulement leur réponse, qui tarde un peu à venir, et qui sent le malaise et la mauvaise humeur :
- C'est que, on ne va pas rester, tu sais... On s'était juste arrêtés deux minutes, pour te faire la bise et pour te montrer les petits.
- Moi j'en veux, de la galette !
- Mathieu, tais-toi. De toute façon, on n'a pas le temps.



Il y a "une garde de nuit "qui glace le dos avec ses vilains propos que les pensionnaires feignent de ne pas entendre et que les enfants ignorent en la gratifiant de remerciements pour tout ce qu'elle fait...

..."son père" que j'aurais pu écrire si j'avais eu du talent...

..."on n'a pas tous les jours cent ans" et le monde des maisons de retraite où on vous fait l'éloge des centenaires, ça fait vendre...si, si!...

...et à la fin, une image de la belle vieillesse qui n'en ai pas encore une...

L'article qui m'a donné envie de le lire (Télérama)...

Depuis qu’elle écrit, Marie-Sabine Roger a du culot et du talent. Rien n’échappe à son regard de femme et d’écrivain, rien n’est impossible sous sa plume. On se souvient en particulier et bien des années après leur publication, de la fulgurance de deux de ses romans A la vie, à la… et Attention fragiles. Qu’elle évoque la misère, la solitude, l’infirmité, elle tombe toujours à pic, sans complaisance, sans mièvrerie.
Aujourd’hui, elle s’attaque à la vieillesse, sujet diablement tabou dans notre société où il faut être jeune, dynamique, compétitif. Les vieux de Marie-Sabine Roger ont abandonné toute conviction et vivent dans le silence, la résignation. Elle leur invente une dynamique, les ragaillardit. Elle met en scène avec tendresse et humour des horreurs : solitude, désarroi, déchéance. Elle sillonne tous les genres — du féroce au sentimental, du caustique à l’attendrissant — et écrit avec une vitalité étourdissante. Il y a l’amoureux des roses, perdu dans un jardin qui n’est pas le sien ; il y a la centenaire dorlotée par des officiels devant une caméra télé ; il y a la mamie gâteau et ses malotrus d’enfants ; et puis, il y a les autres, ceux qui ne sont pas encore vieux, qui ne le savent pas, et se lamentent…


Bien écrit, n'est ce pas!?



...à conseiller! wavey
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marie
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marie


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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeJeu 24 Mai 2007 - 16:27

Oui bien écrit Brit... Wink

mais dis-moi, ça fout le bourdon ce livre ou est-ce écrit avec humour et on arrive quand même à rigoler de cette vieillesse qui nous guette tous...? bom

Marie-Claude
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Britanya
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeJeu 24 Mai 2007 - 16:54

Je ne dirais pas que ça fout le bourdon, non...c'est du réel donc ça te renvoie ce que tu vis, côtoie ou a cotoyé...ça peut déranger notre conscience, réveiller des souvenirs bons ou mauvais...ce livre est très bien écrit avec des pointes d'humour et des moments forts...
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Mimi
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeJeu 24 Mai 2007 - 18:22

Les encombrants... quand le deviennent-ils ?... quand on ne peut plus assumer 24/24... quand les organismes, qui sont nombreux, considèrent "l'encombrant" comme cas lourd, et plus dans la limite de leur compétence...

"L'encombrant" n'a t-il pas sa part de prise de conscience ?... surtout quand il veut juste qu'on ne le laisse pas au grenier ?

Bref, beaucoup d'images... la conclusion, je dirais, c'est que quand on a du mal à se "débarrasser" des "encombrants"... la solution de les laisser dans le parkage aux "encombrants", c'est bien la dernière chose à laquelle tu penses...

Dire qu'on a plus le temps de s'encombrer des "encombrants", dire que la société est devenue une machine à rendement, ça, je veux bien admettre...

Mais le vieux... tout ce qu'il veut, c'est qu'on s'occupe de lui... et il y a droit... et au nom de quoi, nous permettrions-nous de dire : "tu nous encombres"...

Il y a des personnes qui "s'acclimatent" au monde vieux... d'autres qui se disent, un peu comme autrefois... je me souviens de toute cette petite famille autour de grand-père ou de grand-mère... j'aimerais bien ça autour de moi... et je ne les incrimine pas ceux là... pourquoi le leur interdirions-nous ?...
Quand les encombrants nous encombrent vraiment, on s'arrange très souvent pour les rendre totalement inutile... et dépendants... mais dépendants d'un organisme, compétent, en gros, la maison de cure...

Enfin bon bref... trop épineux ce sujet pour en parler objectivement...

Je lirais ton bouquin Brit... Wink

PS : beaucoup "d'encombrement et d'encombrant" dans le texte... mais c'est voulu... study
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Mimi
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeJeu 24 Mai 2007 - 19:06

... et ne me dîtes pas "tu ne peux pas comprendre"...
Purée de poi chiche, donnez-moi de réels arguments pour se débarrasser des "encombrants"... autre que "on n'a pas le temps !!!!"

Certes, il y a des concessions... mais dans quelle mesure sommes-nous prêts à les faire ?... voila la bonne question...

C'est sur qu'on est bien trop occupés dans notre vie à nous, que ces encombrants font ch...
Difficile de renoncer dans ce cas, juste pour un vieux, à certains "avantages" que nous avons durement gagné... et qui est donc méritant...


Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose m'écoeure... ça va décanter, ça va décanter... mdr

PS : Ca sent pas la rose tous les jours chez papa... mais ce petit vieux... je l'aime... avec ses hésitations, ses airs de petit garçon quand on le gronde... je ne sais pas si vous connaissez ça... mais moi, ça me suffit pour ne pas l'envoyer "là-bas"...
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cicise
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeJeu 24 Mai 2007 - 23:29

Ce terme "encombrant" je n'aime pas du tout. Ce sont ces encombrants qui nous ont élévés avant de devenir encombrants, justement.

Mon frère et moi, nous avons été élevés par nos grands parents maternels. Mes parents avaient un métier tel, qu'ils devaient , où nous mettre en nourrice à la semaine, où prendre quelqu'un à la semaine.
Alors, mes grands parents sont venus habités chez eux, il y avait assez de place pour tout le monde dans cette grande maison. Malou s'occupait de la maintenance de la maison et pépé du jardin. Faire un jardin.... Sachant le métier de mes parents Rolling Eyes

Ma mère n'avait le temps de rien, ni d'aller voir les profs, ni de signer nos devoirs, ni de faire Noêl .Elle n'avait que ses comptes à faire, que son commerce à gérer et cela lui prenait tout son temps. Elle ne connaissait et ne connait toujours pas nos dates de naissance. Alors, ne pouvant même pas l'embrasser parce que cela l'énervait, j'ai fait un transfert sur Malou. Mon père, c'était les bisous le matin et le soir, dans nos lits, vu les horaires qu'il avait... et on ne se voyait que le dimanche.
Mes grands-parents sont restés avec nous dans cette maison jusqu'à leur mort. Alors, les liens étaient très fort entre nous, mais jamais mes parents ont parlé de les mettre en maison de retraite. Ma mère avait arrêté de travailler à 55 ans pour s'occuper de Malou qui avait perdu la tête. Ce n'était pas Alzeimer, mais elle s'est retrouvé "petite fille" après une très forte grippe et complications cérébrales. Ma mère pouvait s'arrêter de travailler parce que j'avais pris le relais de l'entreprise.
Alors , après la mort de mon père , elle ne pouvait pas rester dans cette grande maison. Je l'ai senti dépassée, se retrouver toute seule... Impossible. Elle perdait l'habitude de se faire à manger. Elle avait peur de tout, elle téléphonait tout le temps, pour des riens. Ce sont vraiment des peurs maladives : se faire mordre quand elle va se promener, se faire étrangler quand on va au ciné, et je n'exagère pas... Elle sursaute tout le temps. Mais malgré tous ces petits inconvénients, je ne la mettrais jamais en maison de retraite, jamais tant que je pourrais m'en occuper. Je crois que ce serait signer son acte de décès.
Je me sentirais coupable d'abandon, j'aurais trop de remords, je ne me sens pas capable moralement de la laisser toute seule. Et pourtant, ce n'est pas le fait de nous avoir trop choyé qui nous unit.. C'est comme une continuité de cette vie que j'ai eu, que je ne veux pas casser. J'aurais l'impression de trahir quelqu'un.
Elle est valide, et si elle maigrit, c'est psychique, ce sont ces peurs maladives qui la hantent. Elle n'aime pas lire, ni faire de mots croisés. Elle a décidé qu'elle ne savait plus tricoter. Elle n'a pas d'amies, trop ennuyeux.. il faut donner ce que l'on reçoit. Alors, naturellement ,pour l'occuper... ce n'est pas évident. Elle va sur 84 ans. Elle mélange tous les prénoms, mais on s'en fiche... tant qu'elle sait faire une addition plus vite que nous, c'est que cela va.

C'est vrai qu'avec mon père, il y avait plus d'affection dans nos rapports. On avait le même caractère. Un regard suffisait pour nous comprendre. Il parlait peu, moi aussi. Il ne se plaignait jamais, malgré ses douleurs perpétuelles, et même si cela m'a fait un choc, je suis soulagée qu'il se soit envolé chez lui, qu'il ait vu ses enfants et petits enfants tous les jours et cela même avant d'être malade. Les liens sont plus forts, plus resserrés .
Pour garder mes enfants près de moi, il a fallu de l'ingéniosité. Vu les horaires, je les mettais en nourrice la journée. Mais, le soir je devais les emmener dormir chez mes parents après le bain et le repas, et ma grand-mère me téléphonait le lendemain quand ils se réveillaient . Il y avait une femme de ménage qui venait chez eux tous les matins à 6 heures et qui les levait. Malou leur chantait des chansons en attendant. Je venais les chercher, (j'abandonnais mon boulot une heure) donner le biberon et après direction école ou nourrice, et je retournais travailler. Quand j'ai eu le troisième, j'ai dit halte. La femme de ménage m'a proposé de venir chez moi de 6 à 9 heures, et après papa prenait le relais pour les emmener à l'école, les faire déjeûner, car je partais travailler tôt . Ensuite, elle retournait chez mes parents. Je n'avais déjà plus à les "déménager'" tous les soirs.
(Mariée, j'avais quitté cette grand maison pour un autre nid à 10 mm de chez eux).

Alors, vu ma vie et c'est un peu pour cela que je vous l'ai expliquée, ce mot encombrant, me dérange, me gêne énormément. Les objets peuvent être encombrants, pas les êtres humains .

Ceci dit, je n'ai pas lu le livre, et je n'ai pas envie de le lire non plus Shit


Dernière édition par le Ven 25 Mai 2007 - 0:06, édité 3 fois
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Mimi
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeJeu 24 Mai 2007 - 23:52

cicise a écrit:
Ce terme "encombrant" je n'aime pas du tout. Ce sont ces encombrants qui nous ont élévés avant de devenir encombrants, justement.

mais jamais mes parents ont parlé de les mettre en maison de retraite. er quand on va au ciné, et je n'exagère pas... Elle sursaute tout le temps. Mais malgré tous ces petits inconvénients, je ne la mettrais jamais en maison de retraite, jamais tant que je pourrais m'en occuper. Je crois que ce serait signer son acte de décès.
Je me sentirais coupable d'abandon, j'aurais trop de remords, je ne me sens pas capable moralement de la laisser toute seule. Et pourtant, ce n'est pas le fait de nous avoir trop choyé qui nous unit.. C'est comme une continuité de cette vie que j'ai eu, que je ne veux pas casser. J'aurais l'impression de trahir quelqu'un.

Alors, vu ma vie et c'est un peu pour cela que je vous l'ai expliquée, ce mot encombrant, me dérange, me gêne énormément. Les objets peuvent être encombrants, pas les êtres humains .


Merci Cicise... bisous coeur

Il y a certains mots qui blessent... mais c'est parce qu'on ne le vit pas, je crois.. du moins, je l'espére... Wink
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Britanya
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeVen 25 Mai 2007 - 11:46

C'est vrai que ce terme "encombrants" est dérangeant. Il correspond à ce que nous pouvons penser des personnes âgées aujourd'hui , dans un monde qui bouge et où ceux qui ne bougent plus, encombrent...mais ce n'est pas si simple que ça...oui, un objet peut encombrer, pas un être humain parce qu'il y a des sentiments qui y sont rattachés.

J'ai grandi entourée de personnes âgées, élevée par ma grand mère paternelle qui a toujours vécue chez mes parents...ou plutôt mes parents vivaient chez elle, soyons clairs...parce qu'au décès de mon grand père paternel alors que mon père n'avait que 20 ans, il a été tenu de rester avec sa mère...

...nous voilà, dans un premier temps tous les 4 ensemble dans une petite maison au milieu d'un grand jardin au pied de Paris transformé en immense potager...ma grand mère, en bonne bretonne, bêchait, ramassait les pommes de terre, cueillait les haricots, les petits pois et nous faisait de bonnes crêpes!..elle priait pour qu'il pleuve pendant les mois d'été pour que les cultures soient rentables...elle me laissait jouer dans la rue où il n'y avait que des bretons...ça rassure! monkey

...mon père, après son travail devait l'aider parce qu'elle se faisait vieille et qu'elle souffrait des jambes.

...ma mère, je ne la voyais pas beaucoup...elle partait très tôt et rentrait vers 19h. C'est ma grand mère qui s'occupait des repas, enfin des légumes...principalement...

Jusqu'à trois ans, je suis allée en crèche . C'est ma mère qui m'y emmenait, à pieds, par tous les temps, vent, pluie, neige...elle s'est usée à nous porter, courant après son bus et marchant avec nous juqu'au petit batiment qui se trouvait près de son lieu de travail.
Pour mon père, nous étions encombrants, petits. Il nous aimait mais ne voulait pas nous porter parce que nous lui salissions ses vêtements avec nos chaussures que ma mère prenait grand soin de nettoyer tous les jours. Je n'ai pas de souvenir d'avoir jouer avec lui, avec ma mère non plus ..ils n'avaient pas le temps...mon père ne savait pas jouer avec les enfants, ne savait pas leur parler mais il aimait nous emmener en forêt et nous faire découvrir la nature pendant les vacances d'été (seule trève, seule moment privé)...plus tard, avec mes enfants, ce sera pareil...pas le temps pour eux, pas grand chose à leur dire, il avait d'autres choses à faire...seuls comptaient ses fleurs, son jardin et sa mère...il était content de nous voir et fier de nos progrès mais il fallait que ça file droit et qu'on ne le dérange pas....en vieillissant, ce trait de caractère s'accentuera.

Ma grand mère a donc vécu avec nous jusqu'à la fin de sa vie...elle a eu, elle aussi, un accident cérébral après une forte grippe. J'avais 15 ans et de ce jour, toute la maison a respiré sa descente aux enfers( au sens propre et au figuré). Mes parents travaillaient toujours, il n'y avait pas de femme de ménage et je prenais le relais pendant leur absence...parce que c'est à cette époque que ma mère a eu son cancer...ça faisait beaucoup en même temps et mon petit frère n'avait que 8 ans...je vous passe les détails...10 ans ainsi avant mon mariage...ma mère s'occupait de beaucoup de choses, malgré sa maladie...et de sa mère aussi qui vivait à deux kilomètres de là, très bien, toute sa tête, pleine d'énergie, crise cardiaque à 90 ans...ce fut plus qu'une grand mère pour moi, une véritable alliée, une confidente, un exemple, celle qui m'a vraiment permis de m'envoler et avec qui j'aiamais passer mon temps...une amie qui me manquera toujours et que j'ai accompagnée jusqu'au bout au point de ne plus pouvoir retourner chez elle quand elle disparut.

En grandissant, je parlais beaucoup avec ma mère, le soir... elle était le lien fort de la famille, discrète, aimante, sensible, à l'écoute...avec mon père, on se bagarrait toujours sur des sujets politiques, en fait, nous nous cherchions à travers ça...nous n'étions pas beaucoup d'accord , ça l'amusait... c'est à l'adolescence qu'il a cherché ce contact avec moi...il était fier de ce que je faisais , de ce que je devenais mais je crois qu'il ne comprenait pas trop mes envies...il était déconnecté...loin, trop loin...trop occupée ailleurs...

...ma grand mère partie, il a voulu respirer, s'occuper de lui...il a cessé le potager et a tout mis en pelouse...son jardin était magnifique et il s'est épris des orchidées...en fait, il a toujours fait ce qu'il voulait, après avoir obéi à sa mère...sans trop se préoccuper du reste...ses enfants grandissaient bien, ils étaient en bonne santé...il ne fallait pas l'encombrer en aspirant à autre chose...

...mais je pense que tout ça, ce n'était que maladresse...il ne savait pas dire "je t'aime, merci"...et cela jusqu'à sa mort, récente...ce fut un enfant seul, un homme seul par manque de communication...sa joie, il l'exprimait en chantant à tue tête et en faisant des blagues dans lesquelles ma mère tombait toujours.

Resté seul, avec sa maladie de Parkinson, il voulait demeurer chez lui là où il était né, pas de maison de retraite, ne voir personne , ne plus sortir..nous avons tout fait pour que ses voeux soient exhaussés, en lui procurant une aide pendant la journée les derniers temps...mon frère était dans la maison voisine, je passais le voir pendant les vacances, mes grands enfants aussi...particulièrement ma fille sur laquelle il avait tant crié parce qu'elle grimpait partout! ça lui faisait plaisir cette visite!pourquoi celle là? parce qu'il pensait ne pas la mériter? pffff! mes enfants aimaient leur grand père ,si secret, si peu disponible...il avait de moins en moins de choses à dire, plus rien ne l'intéressait...c'était sa maladie et c'était dur de ne plus l'entendre chanter, ne plus le voir se rebeller sur le gouvernement, seuls liens véritables avec lui...même ses orchidées avaient désertées...

Une chûte malheureuse, un col du fémur et il s'est recroquevillé...il est arrivé en convalescence, en Bretagne, tout près de chez moi , dans une structure adaptée où j'allais le voir tous les jours...c'était pour un mois... j'avais du mal à penser à une maison spécialisée que l'on me conseillait...je trainais en me disant que je préférais le prendre que de le mettre là...il a eu du mal lui aussi à se voir handicapé...il a préféré profiter de cet accident pour partir, la maladie aidant...je me sentais coupable de cette fin mais je n'y étais pour rien ...il imposait ce qu'il voulait, nous devions nous adapter...

Je ne sais pas si nous ne sortons pas tous un peu coupables de les voir partir ainsi quand la tête ne répond plus...nous sommes si démunis devant les silences de ceux qui nous ont donné le jour...leur refus de continuer nous met en colère parce que nous refusons l'inévitable...nous devons accepter leur départ quand ils le désirent, m'a-t-on dit...est ce possible?
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeVen 25 Mai 2007 - 15:07

Tout dépend des caractères des personnes, aussi.
Ma belle-mère voulait son indépendance, elle a trouvé un foyer logement pour personnes âgées dans la commune ou elle habitait. Elle y est entré à 60 ans. Ses enfants sont toujours passés la voir tous les jours. C'est très bien, ce système de foyer logement : 1 très grand pièce séparée en deux par une mini cloison, 1 kitchenette, 1 salle de bains, une entrée et la liberté de recevoir qui l'on veut même pour une nuit. Un vrai petit appartement, elle pouvait faire sa cuisine ou manger dans la salle à manger... coiffeur, pédicure, salle de télé, goûters, sorties organisées....chacun faisant à sa guise. Il y avait une directrice ou une infirmière en permanence en cas de problème.
Mais il n'y en a pas partout, c'est là le problème.

Mon père a décidé de partir avant que la maladie ne progresse trop. Il ne s'alimentait pratiquement plus, et l'extrême faiblesse est arrivée très vite, déjà très fatigué par une chimio, le coeur a lâché et j'ai honte à le dire, mais j'ai été comme soulagée pour lui.
Il ne voulait pas devenir une charge, il avait peur des hôpitaux, il a décidé de son sort pendant qu'il le pouvait encore. Il voulait partir dignement et ne surtout pas aller à l'hôpital pour y être "prolongé". C'était sa hantise.
Je ne m'attendais pas à ce que ce soit ce soir là, c'est arrivé très vite et je n'y étais pas préparée. On venait de partir vers 20 heures, et il s'est envolé en dormant une heure après.

Nous avons pu prendre ma mère chez nous, car deux enfants étant mariés... cela laisse des chambres libres. Sinon, j'aurais essayé de lui trouver un appartement près de chez nous, avec une aide au ménage, des repas livrés, nos visites journalières et plutôt deux fois qu'une, afin qu'elle ne se sente pas délaissée. Pour sa peur maladive, je n'aurais pas pu faire grand chose, mais c'est plus facile pour nous de l'avoir chez nous et moins fatiguant aussi même si la vie privée l'est moins, mais on fait avec.
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MessageSujet: Re: Les encombrants de Marie Sabine Roger   Les encombrants de Marie Sabine Roger Icon_minitimeVen 25 Mai 2007 - 15:31

cicise a écrit:

Mon père a décidé de partir avant que la maladie ne progresse trop. Il ne s'alimentait pratiquement plus, et l'extrême faiblesse est arrivée très vite, déjà très fatigué par une chimio, le coeur a lâché et j'ai honte à le dire, mais j'ai été comme soulagée pour lui.
Il ne voulait pas devenir une charge, il avait peur des hôpitaux, il a décidé de son sort pendant qu'il le pouvait encore. Il voulait partir dignement et ne surtout pas aller à l'hôpital pour y être "prolongé". C'était sa hantise.
Je ne m'attendais pas à ce que ce soit ce soir là, c'est arrivé très vite et je n'y étais pas préparée. On venait de partir vers 20 heures, et il s'est envolé en dormant une heure après.


ça me rapproche ce que tu dis, Cicise...les hommes ne veulent pas se voir dans cet état...et jusqu'au bout, ils décident...mon père a refusé l'acharnement thérapeutique sur lui ,sans nous en avertir...c'était bien lui ça!...ça m'a fait du mal mais après coup, je le comprends...ce n'est pas pour ça que ça soulage...

...ma mère ne voulait pas partir, elle est partie très vite après des vacances passées chez nous, en pleine forme, toute sa tête, toute sa dignité...c'est tout ce qui me console...nous rentrions de quinze années d'expatriation...elle était heureuse de nous voir revenir, même si elle nous voyait à chaque vacances...nous avions plein de projets ensemble, et avec la petite dernière dont elle n'a pu s'occuper comme les aînés...avec eux, elle s'est rattrapée sur son absence avec ses propres enfants ...


...nous ne vieillissons pas tous pareils, voilà tout!...et rester le dernier, c'est dur...
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