"Les enfants assassins" de Martin Monestier

NOUVEAUTÉ - Histoire & société

Martin Monestier
Les enfants assassins
Des tueurs de 5 à 15 ans

(430 pages )
Des enfants âgés de 5 à 15 ans deviennent des assassins, sans pitié ni retenue, commettant des crimes atroces, dont on ne peut généralement pas percer les secrets et les mobiles profonds et véritables.
Partout dans le monde, et particulièrement dans les pays industriels, des enfants et des jeunes adolescents, souvent après une longue préméditation, tuent d’autres enfants ou des adultes et, dans de nombreuses circonstances, leurs propres parents.
Tueries tellement inimaginables que, souvent, le sens commun repousse dans un premier temps leur authenticité. À travers une multitude de cas précis, relevés ces vingt dernières années, Martin Monestier tente d’approcher au plus près ces criminels juvéniles qui « tuent au détail » ou « massacrent en gros ». Comment naît, chez eux, l’idée de tuer ? Quel en est le germe ? Pourquoi et comment passent-ils à l’acte ?
On retrouve chez les jeunes mineurs assassins les mêmes motivations, futiles ou profondes, et les mêmes modes opératoires que chez les criminels adultes. Comme eux, les jeunes assassins font preuve de remords ou au contraire d’insensibilité, voire même de satisfaction et de fierté.
Psychiatres, sociologues, juges, avocats, policiers, politiciens, parents, s’affrontent à leur sujet. Sont-ils un pur produit de notre civilisation ? Sont-ils « fabriqués » par les médias et le désengagement des familles ? Sont-ils des malades mentaux ? Souffrent-ils de troubles génétiques ? Ou, au contraire, la violence meurtrière de ces tueurs précoces est-elle innée, et dans ce cas peut-être ne sont-ils alors que les éclaireurs avancés de l’intrinsèque malfaisance qui habiterait la nature humaine ?

Les enfants assassins se vengent, par frustration ou jalousie, préméditent, répondent à des pulsions irrésistibles ou souffrent peut-être de troubles génétiques. En racontant des histoires plus sordides les unes que les autres, l'auteur dresse un constat plutôt effrayant de ce phénomène. Les enfants tueurs sont-ils influencés par la violence de certains films ou la violence plus grande encore de certains jeux vidés ? Ou bien cette folie meurtrière est-elle innée ?
Beaucoup d'exemples dans ce document. Une analyse intéressante et des points d'interrogations.

Martin Monestier
Qualifié de manière un peu réductrice d’encyclopédiste du bizarre par la presse française, Martin Monestier, soixante-deux ans et une quarantaine de livres derrière lui, est un auteur inclassable dont le travail ressortit moins au journalisme documentaire qu’à la littérature tout court, sous son angle le plus terrifiant : le Réel.
Arpenteur des marges plutôt qu’auteur marginal, celui en qui l’on peut voir un grand auteur romantique nourri aux mamelles de notre monstruosité sacrée a toujours été en quête de sujets a priori secondaires qui en réalité cristallisent la totalité de l’humain, des tueurs à gages aux animaux soldats, du poil au téton, du cannibalisme au fait divers (le sujet éponyme de son désopilant dernier ouvrage, sorti au printemps)...
Paraîtra également en mars 2005 un livre sur le crachat puis une somme sur les enfants tueurs où l’on retrouvera tout ce qui fait la saveur stylistique de l’inoubliable auteur de Suicides, histoire, techniques et bizarreries de la mort volontaire des origines à nos jours : l’absence totale de commentaires, les faits, rien que les faits, comme un effroyable vertige, comme un miroir tendu à notre voyeurisme inquiet.
La matrice de tout ceci ? La Mort, à qui Martin Monestier a accepté de donner la main depuis son plus jeune âge, et aussi la boue, dont il a fait de l’or, comme le poète, pour composer ce qu’il faut désormais considérer comme une œuvre, belle comme une cassette de pépites perverses, et culte pour de nombreux lecteurs du monde entier.
Tour d’horizon de l’univers lugubre et drôle du divin Martin à travers un abécédaire où - mais on s’en doute déjà - le meilleur côtoie le pire... et le Beau fréquente le laid.

Interview
Extrait de http://www.fnac.com

http://www.martinmonestier.com/3.aspx
http://www.martinmonestier.com/2.aspx

En lisant cette présentation, je me rappelle une histoire affreuse qui s'est produite en 1993 en Angleterre...deux jeunes garçons de 11 ans environ ont kidnappé un petit garçon de deux ans qui a échappé quelques secondes à la vigilance de sa maman dans un centre commercial...ils l'ont emmené à travers la ville, en le tapant...l'enfant pleurait, personne n'a semblé étonné...ils l'ont conduit sur des rails et je vais m'arrêter là...un crime atroce...je crois que le petit s'appelait Bugler ou un nom voisin...les trois jeunes ont été arrêtés...l'un vivait dans une famille unie sans histoire, un autre dans une famille monoparentale avec des frères ainés qui le frappaient et la mère disant "comme tous les gosses, ils se tapent"....ils se sont retrouvés enfermer pendant une dizaine d'années...;remis en liberté l'année dernière avec de nouvelles identités...au grand désarroi des parents du petit et de la population traumatisée ...

...je ne sais pas si Mr Monestier en parle mais ce livre doit être très intéressant...et un de plus dans la pile!

C est le genre d 'ouvrage que j 'aurais bcp de mal à lire

..moi aussi... rien que de me remémorer l'histoire épouvantable de ce bambin qui s'est fait massacrer par 2 enfants, ça me glace le dos...je ne pourrais jamais lire ce livre, j'en dormirais plus la nuit...

Mais il soulève un terrible problème (de société?) qu'il faudrait arriver à résoudre au plus vite...cette violence est effrayante..

Marie-Claude

Bien sûr que c'est dur mais c'est le réel et chercher à comprendre ce qui les pousse à l'acte , ne retire pas leur crime mais permet d'y trouver une réponse ...

Je viens de le commencer ce soir, ce n'est pas évident à lire. L'auteur nous parle de ces deux enfants anglais qui se sont acharnés sur ce petit garçon de 2 ans, et de deux autres fillettes anglaises, dont l'une a tué deux jeunes garçons par strangulation.
Leurs vies n'excusent pas leurs crimes mais aucun suivi des parents, prostitution, coups, abandon d'autorité, pour ces deux cas.
Ils sont tous les quatre libres à ce jour...

Le début du livre vous donne la chair de poule, introduction :
"Il n'y avait pas seulement en moi ce dégoût légitime qui secoue tout homme normalement constitué à la vue d'un bébé.
Il n'y avait pas seulement cette conviction bien amère que l'enfant est une sorte de nain vicieux, d'une cruauté innée, chez qui se retrouvent immédiatement les pires traits de l'espèce humaine et dont les animaux domestiques se détournent avec une sage prudence".
Michel Houellebecq.
A cette lecture, j'ai eu envie de refermer ce livre sans le lire, mais je me suis dit qu'il devait y avoir autre chose, sinon pourquoi faire un livre avec un tel titre...

Je vous donne le sommaire du livre :
- De la véritable nature des enfants
. des petits fauves
. des petits êtres foncièrement mauvais
. points communs des enfants meurtriers,
. vingt experts, vingt théories.
- Fascinante précocité des enfants tueurs
- Les raisons apparentes de tuer
. le mal vivre,
. ego et réputation
. recherce de gain etc...
- Les crimes parricides
. manipulation des jeunes parricides
. les associations avec un tiers etc...
- Les bandes et les gangs
- Tentatives d'explication sur les passages à l'acte
. les médias, télévision, cinéma, jeux vidéo etc
- La famille,
- L'école
- La société
- Crimes peines et châtiments,
- Les petits tueurs en uniforme.

Ce sommaire vous montre la structure de ce livre, à vous de voir si vous avez envie d'en lire le contenu.
Je ne peux pas conseiller la lecture de ce livre, chaque personne n'aura pas la même façon d'aborder cette lecture.

ça ne doit pas se lire comme un roman...je suppose qu'on peut piocher et le consulter librement....vous nous direz Cicise?

Ca m'interpelle évidemment, mais je ne sais vraiment pas si je vais trouver le courage..

...et ce qui me mets hors de moi, comme dans les cas de pédophilie, c'est que quand il est avéré que les parents sont responsables, d'une façon ou d'une autre (manque d'affection, démission, brutalité, prostitution, drogue etc...) ils ne sont pas du tout inquiétés alors qu'ils devraient être sur le banc des accusés, au côté de leur progéniture...

Marie-Claude

Je le lis par petites touches, parce que c'est "hard" selon une expression moderne .
Je ne le conseille pas à de jeunes mamans, par peur de déceler chez leurs enfants un problème qui n'existerait pas...
Plusieurs crimes nous sont expliqués,(Japon, Allemagne, Angleterre, France, )ainsi que quelques réflexions des enfants lors de leurs procès, et les commentaires des psys, et on se dit : Ils tuent pour cela ? C'est difficile à admettre....
Je vais commencer les sujets sur les influences de la télé, des dessins animés, les jeux vidéos....sur le comportement d'enfants...

On ne peut-être que troublé…Dans notre inconscient collectif, un enfant est pur, innocent…. On a du mal à imaginer tant de cruauté…Je ne sais pas si j’aurais le courage de lire un tel livre…Et pourtant la déviance chez les enfants est malheureusement bien réelle…

Cela me fait penser à un autre livre, vous devez sûrement le connaître, c’est un classique de la littérature que les adolescents étudient au collège :

« Sa majesté des mouches » de William Golding. Livre qui a été publié en 1954

William Golding s’est demandé : « Et si j’écrivais l’histoire de jeunes garçons sur une île ? Je les laisserais se comporter exactement comme ils le voudraient. »

Résumé des Editions Gallimard :

À la suite d’un accident d’avion, un groupe d’enfants se retrouve isolé sur une île du Pacifique. En l’absence d’adultes, les rescapés s’organisent, élisent leur chef, désignent des chasseurs, allument un grand feu qu’ils gardent à tour de rôle. L’île, paradisiaque, offre des ressources suffisantes pour la survie des enfants qui s’habituent à leur sort. Mais petit à petit, la communauté perd sa cohésion. Des jalousies, des rancœurs, des animosités de plus en plus violentes se font jour. Des peurs irraisonnées, des mouvements de folie collective s’emparent du groupe. Les rivalités des plus grands finissent par avoir raison de l’organisation initiale. Des clans s’affrontent, des meurtres et des atrocités sont commis jusqu’à l’embrasement final, au propre et au figuré. Pour débusquer le chef destitué, un clan rival met le feu à la forêt, provoquant un gigantesque incendie qui détruit l’île. Lorsque les marins anglais arrivent sur place, le spectacle qui les attend est celui d’une horde d’enfants ensauvagés et d’une nature dévastée. Ces Robinsons enfants, antihéros barbares, mettent à mal le mythe de l’innocence enfantine et montrent la fragilité de l’idéal démocratique.
Ce roman d’un pessimisme intense est aussi une œuvre de l’immédiat après-guerre, une époque où croire en l’homme est particulièrement difficile.

William Golding est né le 19/09/1911, en Cornouailles. Il se dirige durant sa vie dans une carrière d'enseignant puis s'engage comme soldat durant la deuxième guerre mondiale où il prendra part au débarquement en Normandie. En 1954, il publie « Sa Majesté Des Mouches » qui est couronné de succès dont l'apogée sera le prix Nobel de littérature en 1983 pour une œuvre désespérée. William Golding décédera le 19/06/1993. Il aura notamment publié :
La nef (1961)La Nef (1964) Le Dieu scorpion (1971) Coup de semonce (1987) et Rites de passage (1990) La plupart de ses romans traite du mal, de l'opposition de l'homme ainsi que de sa cruauté.

Dans un autre registre, il y a Théodore Monod dans un entretien avec Jean-Philippe de Tonnac qui dit dans son livre « Révérence à la vie ». Extraits :

- Précédés par des millions d’années de cruauté n’avons-nous pas des circonstances atténuantes ?

Je ne sais pas si les hommes préhistoriques étaient aussi cruels que nous le sommes. Depuis la découverte par les primatologues du rituel de réconciliation chez les singes, on est en droit de se demander si l’homme n’a pas hérité de ses ancêtres cette capacité de pardonner qu’il aurait oublié. Mais par contre, lorsqu’ils sont méchants et cruels, les hommes ne le sont pas comme ces rats mulots ou ces taupes dont parlait mon père. Ils sont méchants intentionnellement. Chez eux, la cruauté est réfléchie, cultivée, enseignée. L’homme est tout de même le seul être vivant qui apprend à ses enfants à tuer leurs semblables. Le lion n’apprend pas aux lionceaux à tuer des lions mais des gazelles ou des zèbres.

- Comment l’homme serait-il en même temps un mammifère cruel et un homme doué de pitié ?

C’est l’homme, le premier, dans l’histoire de l’évolution, qui s’est ému de la souffrance de ses semblables et qui a tenté d’y remédier. Mon père me disait que l’espèce humaine avait introduit la métaphysique ici-bas. Cette prise de conscience est somme toute assez récente dans l’histoire de l’espèce humaine ; elle n’a pas empêché que l’homme poursuive son entreprise de prédateur. C’est dans cette mesure que son attitude est aujourd’hui scandaleuse.

- Resté génétiquement cruel pourrait-on dire, l’homme fait en même temps l’apprentissage de la pitié. N’avez-vous pas un peu d’indulgence pour ce malheureux bipède qui, lentement j’en conviens, tente de s’éveiller à une conscience plus haute ?

Dans la mesure où l’espèce humaine disposerait d’un long temps pour s’hominiser, alors la patience serait, en effet, notre meilleure conseillère. Mais trop de dangers planent à présent au-dessus..

[…]

La terre est un jardin bordé de nuit. Tels des aveugles nous avançons, mais sûrs de nous, fiers, cruels, consommateurs assoiffés de profit. Modernes ? Que restera-t-il à nos enfants de cette oasis, si humaine ?

« Révérence à la Vie » de Théodore Monod aux Editions Grasset

A méditer….Marie-Jo

Je n'avais jamais entendu parler de "sa majesté des mouches"..ça parait terrifiant... j'ai de la peine avec ce genre de livre...je n'ai pas le courage nécessaire...

Quant à la cruauté des hommes...chaque jour qui passe nous montre, malheureusement, à quel point elle est bien réelle....

Marie-Claude

Ce qui est plus grave, c'est que maintenant la "cruauté" est "étudiée" et même quelquefois "sophistiquée".
Les hommes réfléchissent, sont plus intelligents.... ce que l'on peut "admettre" pour les tribues anciennes n'est plus acceptable chez des personnes dites "intelligentes"...

j'avais adoré sa majesté des mouches.....le livre décortique tout...et montre comment la cruauté et le mal existent en chacun de nous.... Privés de nos repères culturels et de nos barrières sociales, livrés seuls face à nos pulsions.... nous ne sommes peut-être pas autant des hommes que nous croyons...finalement.... Mais qu'est ce que être un homme et non un animal?

Bien entendu ceci n'excuse en rien les atrocités...

Tacha

Juste vous dire que je n'ai pas fini le livre cité en premier, je ne suis pas arrivée à aller jusqu'au bout...
Trop d'idées criminelles pour un petit détail de rien, pour une poussière dans la vie...
De jeunes enfants qui confondent les jeux et la vie, manque de repères, manque de dialogues, manque de temps à leur consacrer.....(je parle des parents).

Justement, est-ce que ce livre n'est pas fait pour nous ouvrir sur un comportement qui nous semble absurde au premier abord, mais qui pourtant "est" perpétré par des humains...

Qu'est-ce qui fait que certains individus seront doux comme des agneaux, et d'autres cruels, atroces... beaucoup de questions... auxquelles on ne trouve de réponses !
Alors pourquoi cette différence ?... il faut peut-être chercher dans ce que notre société engendre parfois... des jalousies, des injustices, un manque d'humanité justement...

Je précise que je n'ai pas lu le livre, mais le sujet fait parti de mes nombreuses interrogations... quelle est cette parcelle de l'individu qui le pousse à être un monstre ou au contraire un modèle de gentillesse ?
Je crois qu'on a tous en nous la haine, la méchanceté, la cruauté... pour certains, elles resteront enfouies pour l'éternité, pour d'autres, elles s'exprimeront en actes...

Ce qui n'excuse en rien, bien sûr... mais ne faudrait-il peut-être pas trouver les coupables en chacun de nous... nos certitudes et notre "confort" nous mettent souvent des oeillères, et notre manque de courage fait le reste...

C'est aussi une question que je me pose mais au niveau de l'humanité entière... pourquoi dans certains pays, les guerres, les révoltes, les guérillas...etc.. n'arrêtent pas et que d'autres pays ont trouvé une relative paix ?
La faim, la misère, la richesse, l'exploitation des démunis...

Nos oeillères, on les enlève de temps en temps pour les plaindre, pour essayer de les aider, mais on les repose vite sur nos yeux. Manque de courage, ou ne pas pouvoir intervenir en tant que simple individu !
On pourrait, mais il faudrait faire une croix sur notre confort, notre petite vie, notre famille...

Par contre, pour ces enfants qui ne sont pas cruels mais qui ont eu une mauvaise idée (quoique certains manifestent une certaine méchanceté maladive), et qui peuvent être aussi des enfants de "bonne famille", le dialogue est important.
Beaucoup déraillent en suivant leurs copains ou copines, en ne voulant pas démériter à leurs yeux.

C'est assez complexe, l'existance n'est déjà pas juste et égale pour tous dès la naissance.