Quatrième de couverture"Je me demandais dans le taxi si je n'étais pas trop habillée pour la soirée quand j'ai aperçu maman en train de fouiller dans une benne à ordures. (...) Elle s'était entouré les épaules de chiffons pour se préserver de la fraîcheur printanière et faisait son choix dans la poubelle pendant que son chien, un terrier croisé noir et blanc, jouait à ses pieds. (...) En dépit de ses cheveux gris emmêlés et de ses yeux creusés, elle me rappelait encore la mère de mon enfance, celle qui accomplissait des sauts de l'ange du haut des falaises, peignait dans le désert et lisait Shakespeare à haute voix".
Jeannette Walls est connue du Tout New York : chroniqueuse mondaine, elle évolue dans le monde des célébrités. Qui pourrait imaginer qu'elle a passé ses premières années dans la misère la plus sordide? - que son enfance a été une lutte continuelle pour survivre, marquée par un père et une mère d'une excentricité absolue? Amoureux des arts et des lettres, sublimes de fantaisie, les parents Walls sont aussi des marginaux d'un égoïsme criminel. Mathématicien et bricoleur inspiré, le père caresse un rêve fou : bâtir une maison de verre dans le désert. Mais il noie ses projets dans l'alcool. La mère écrit, peint, déclame de la poésie. Son bien-être ne l'intéresse pas. Celui de sa progéniture non plus. Fuyant la misère, la famille doit sillonner l'Amérique. En permanence, les enfants Walls sont confrontés au froid, à la faim, au danger.
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Je viens de passer des heures de pur bonheur en parcourant ces 374 pages...jamais un livre ne m'a paru aussi fort en émotions depuis pas mal de temps! Il m'arrivait d'effectuer des pauses pour laisser mon âme se cicatriser ...
Ce roman autobiographique, ce n'est pas seulement du voyeurisme sur la vie d'une famille à la dérive, c'est plus que cela...un véritable chant d'amour ...j'ai aimé ce père rêveur, bourré d'imagination, inventeur et poète à ses heures, amoureux de la nature, des grands espaces, de la combine, à la fois hyper-sensible et bourru, totalement immature quant à son travail et ses responsabilités de père... et beaucoup trop porté sur la boisson....sans le voir, on l'imagine "un vaurien charismatique"....et puis on découvre sa jeunesse, ses prédispositions intellectuelles, sa famille tordue ,portée sur l'alcool elle aussi, le regard des autres et son envie de se libérer de tout ça...un bon bougre, en somme!
Le personnage de la mère est plus ambigu à mes yeux...horripilant même!
Son côté nonchalant, blasé de tout, excusant tout, fuyant le travail alors qu'elle n'a aucun problème pour en trouver...en réalité, ce n'était pas ce qu'elle voulait faire mais sa mère pensant qu'elle aurait du mal à se nourrir de son talent, trouvait ce métier sûr: celui d'enseignante, comme elle...Rose Mary ne pense qu'à la peinture...mais la peinture , ça coûte! ...comme la boisson chez son mari, ceci dit!!!...C'était SA boisson, sa raison de vivre...anéantie par cette vie, elle se laisse vivre et rêve aussi de grands espaces...fuir ...pourtant, à la différence de son mari, elle vient d'un milieu simple, cultivé, maman enseignante...elle aime lire, écrire, lis la poésie à ses enfants, les incite à lire...ce sera leur soupape pour la vie...la lecture, l'écriture, le dessin et la débrouille!...on ne perd jamais son enfance!
Bref, ces deux là étaient fait pour se plaire mais ils étaient incapables de se gérer...
"...les gens se font bien trop de soucis à propos de leurs enfants. C'est bien de souffrir quand on est jeune. Cela immunise le corps et l'âme..."
Si la mère me parait de plus en plus détâchée de ces enfants, comment l'en blâmer?...c'est elle ,pourtant, qui reste auprès d'eux constamment...pendant que le père vagabonde...un père affectueux, "démoli"par ce qu'il voit se créer autour de lui, à cause de lui ...on finit pas l'aimer cet homme, à moins que le regard de Jeannette Walls, sa fille préférée, embellisse le personnage...
J'ai ri, pleuré, tempêté, bougonné, j'étais dedans!...un livre plein de vie et un magnifique hommage à des parents. C'est aussi un bel exemple de résiliance.