"Je place beaucoup d'espoir dans la vie et dans les gens"
ITW le 4.02.2006 sur Libé Champagne
Vous avez longtemps fait partie de la scène alternative, avec le réseau Life Live, quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
Plein de grands souvenirs. On a évolué ensemble, c'est ce qui m'a permis de choisir la scène. On a tourné dans plein de petits lieux, à Paris, en France, dans des cafés, des bars. C'est un parcours qui m'a beaucoup servi et me sert toujours. En fait, à l'époque, je n'avais justement pas d'autre alternative, et c'était le moyen de faire connaître ma musique.
On a dit que vous n'attendez rien du "fameux showbiz"
Effectivement. C'est comme quand on fait un cadeau à quelqu'un, on n'attend rien en retour. On le fait, parce qu'on aime, et c'est ainsi que j'envisage mon métier.
A l'époque des terrasses marseillaises, Paris était un rêve pour vous, est-ce toujours le cas ?
Enfant, j'ai vécu à Port de Bouc, à 40 kms de Marseille. J'ai fait de la musique parce qu'il fallait bien s'occuper le week-end. J'avais une culture très télé. Ensuite, j'ai fait les Beaux-Arts à Marseille. J'y ai découvert un monde culturel plus important. Pour moi, Paris c'était la ville où il se passait toujours quelque chose. J'ai connu Paris quand j'avais 12 ans, j'en avais gardé un bon souvenir, pas du tout l'image du Parisien antipathique.
Aujourd'hui que je vis à Paris, je sors un peu moins, car je n'ai plus le temps. Mais je m'y sens bien.
"Psy-psychanaliste" "Le passage obligé" où vous traitez du cap de la trentaine ; "Ma première ride" sont des sujets qui en font déprimer plus d'une, vous les traitez avec beaucoup de légèreté, seriez-vous une optimiste dans l'âme ?
Oui, je pense être plutôt optimiste. Mais ça vient aussi des mélodies qui sont légères, et même si le texte l'est moins, tout paraît léger. En fait, je place beaucoup d 'espoir dans la vie et dans les gens.
Par ailleurs, "Petite princesse", un des titres de votre dernier album, vous a été inspiré par le drame de la jeune fille brûlée dans sa cité . Est-ce le signe d'un engagement de votre part ?
Je n'ai abordé le problème en lui-même, c'est ce qui m'a permis d'aborder la mort dans cette chanson. En fait, je parle surtout d'une disparition. On devait faire un cd avec l'association '"Ni pute, ni soumise", cd qui n'est jamais sorti. Cette association prône le respect de l'individu, de l'être humain, et ça, ce n'est pas une question d'engagement, je le porte déjà en moi.
La scène est-ce pour essentiel pour vous ?
C'est un moment que j'attends toujours. Je n'envisage pas un album sans une tournée. Le disque est important, bien sûr, mais la scène est ce qui permet de faire vivre une chanson. Le public est différent chaque soir. Quand je suis sur scène, je peux aussi suivre ce que ressent le public. Et puis la tournée est un véritable plaisir. C'est un rythme de vie qui me plaît bien, chaque jour une ville différente... On passe deux heures avec les gens, et puis on reprend sa valise.
Il y a un peu moins d'un an, vous étiez sacrée "révélation scénique" aux Victoires de la Musique. Est-ce que çà a changé quelque chose pour vous ?
J'ai reçu cette Victoire de la musique avec surprise, mais avec beaucoup de plaisir aussi. Elle a salué tout mon parcours. Ce n'était pas évident de l'obtenir, mais çà a crédibilisé ce parcours vis-à-vis des professionnels et du grand public. En revanche, elle n'a pas influencé mon travail. J'avais déjà pratiquement écrit tout mon album.
Caroline BABLIN