Ecrit par Richard RUSSO, Prix Pulitzer pour " Le déclin de l'empire Whiting", "Quatre saisons à Mohawk " est dans la pure tradition américaine...Mohawk est une ville imaginaire qui ressemble à celle où l'écrivain a grandi.... une petite ville de l'Etat de New York, économiquement sinistrée après la guerre quand ses usines de tannerie fermèrent les unes après les autres, peuplée d'alcooliques velléitaires, de joueurs de billard irascibles ou de jeunes demoiselles fortunées, arrogantes et charmeuses à la fois...une lumière assez proche des peintures d'Edward Hopper....
Résumé
Un récit foisonnant, des situations drolatiques, une multitude de personnages attachants. Sur fond de l'histoire d'amour, magnifique et désespérée, d'un fils pour son père. A se remémorer ses années d'adolescence, c'est tout un monde que raconte ici Ned Hall. Lui que les amis de son père ont toujours appelé " P'tit Sam ", afin de le distinguer de l'autre Sam.
Lui dont le " paternel " a justement échoué à devenir le plus ordinaire des hommes. A peine marié, n'est-il pas parti faire la guerre en Europe ? Et n'en est-il pas revenu tel un bateau à la dérive ? Le tout pour délaisser femme et enfant, pour errer de bar en bar pour jouer aux courses avec le peu d'argent gagné sur les chantiers à la belle saison ? Pas un mauvais gars, mais un écervelé, un irresponsable. Alcoolique à ses heures. Quoique si charmeur...
Or, voyant sa femme, désespérée de sa désertion conjugale, plonger dans une grave dépression, le père a récupéré son fils. Et voilà P'tit Sam intégré dans une bande de copains peu fréquentables. Le voilà à apprendre à jouer, à voler, à tricher. Et à pêcher la truite aussi. Même s'il lui faudra grandir pour comprendre qu'il a d'abord découvert, ces années-là, le fantastique pouvoir rédempteur de l'amour.
Ainsi commence le l'histoire....
Contrairement à beaucoup de soldats, mon père savait très bien ce qu'il voulait faire une fois la guerre finie. Il voulait boire, courir les filles et jouer aux cartes. " Il s'en lassera" a prédit ma mère, et elle n'en doutait pas. Elle a même essayé de lui emboîter le pas pendant les quelques mois d'agitation furieuse qui ont suivi le retour des troupes, mais sans succès. Il faut dire qu'elle, on ne venait pas de lui tirer dessus pendant trois ans. Quand elle se réveillait le matin, ça ne l'étonnait pas d'être en vie.Ensuite, ç'a été marrant un moment les nuits blanches, les Martini-dry, le photo-finish au champ de courses mais brusquement enceinte de moi, elle a décidé que, maintenant, la guerre était terminée. Pour la plupart, les gens autour d'elle se calmaient aussi. Les meilleures choses ont une fin, même quand c'est la victoire qu'on fête. ça ne lui a pas effleuré l'esprit, je pense, que mon père ne fêtait rien. Où plutôt si: la vie. La sienne. Elle pouvait bien l'accompagner encore si ça lui faisait plaisir. Sinon, tant pis...
Russo décrit avec minutie une amérique profonde ...un lieu où il ne se passe pas grand chose mais où il sait donner chaleur, humour et tendresse...