Nombre de messages : 3387 Date d'inscription : 09/06/2005
Sujet: "Séraphine de Senlis "de Martin Provost Dim 1 Mar 2009 - 19:09
Je n'ai pas regardé les Césars mais j'ai entendu les résultats. J'avais vu ce petit film cet hiver dans une salle Art et Essai. Le film venait de sortir mais de façon aussi modeste que la vie de Séraphine...je dirais que toutes ces récompenses ( 7 au total) sont la victoire des humbles...pas de publicité, pas beaucoup de salles, un thème qui ne convient pas à tout le monde, une actrice très discrète, Yolande Moreau a reçu le César de la Meilleure actrice et c'est amplement mérité!
Film de Martin Provost
Avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur,
Sorti le 1er Octobre 2 008
Synopsis:
En 1912, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, premier acheteur de Picasso et découvreur du douanier Rousseau, loue un appartement à Senlis pour écrire et se reposer de sa vie parisienne. Il prend à son service une femme de ménage, Séraphine, 48 ans. Quelque temps plus tard, il remarque chez des notables locaux une petite toile peinte sur bois. Sa stupéfaction est grande d'apprendre que l'auteur n'est autre que Séraphine. S'instaure alors une relation poignante et inattendue entre le marchand d'art d'avant-garde et la femme de ménage visionnaire.
C'est un film lent et lumineux, dans lequel la nature a une place d'honneur car c'est cette nature qui apaise Séraphine. Lorsqu'elle se sent mal, qu'elle a besoin de réconfort, elle aime aller se promener dans les champs, s'assoir sous un arbre et observer, recueillir ce qui pourra lui servir à peindre. Séraphine ne connait pas le milieu artistique, elle n'a aucun savoir en ce domaine, elle ne s'entoure pas d'artistes, non plus. C'est une âme simple dans une vie simple. Elle vit seule, parle peu. Elle est assez bourrue, diront certains. Parce que les gens pour lesquels elle travaille, ne lui donnent que des ordres, ne voient en elle qu'une bonne à tout faire, elle vit dans son monde, proche de la Sainte Vierge et des anges, et la peinture lui permet de s'exprimer.
Je suis sortie de ce film, aussi silencieuse que Séraphine! Quelle vie! Elle a eu la chance de croiser le chemin de Wilhem Uhde qui a permis à son oeuvre de survivre mais l'époque que ces deux solitaires traversent ne les aident pas et, Séraphine, trop pauvre, trop éloignée des paillettes, ne recevra pas les honneurs d'un Picasso....loin de là! Elle aurait voulu devenir une artiste lorsque Mr Uhde lui a montré de l'intérêt pour ses toiles mais la guerre, les difficultés à vivre sa différence, ont eu raison d'elle.
Est ce vraiment de la folie? N'est ce pas tout simplement de l'isolement, de l'incompréhension, une facilité à enfermer ceux qui étaient tout simplement "originaux"?
Yolande Moreau n'a pas le feu d'une Isabelle Adjani, dans Camille Claudel mais elle sait apporter ce regard mystique plus vrai que nature et une touche d'humour qui n'est pas déplaisant. Bravo!