Rendez vous en terre inconnueà force de voir ces émissions avec des paysages sublimes et des gens qui se plongent au milieu de peuplades exotiques et étranges, j'ai décidé de faire pareil. Cet été je suis parti
en Suisse.
En Suisse Romande même, ça me simplifie les problèmes de langue.
Je sens des sourires goguenards, mais bon l'exotisme est aussi dans l'oeil du voyageur. Je suis donc entré bardé de tous les papiers nécessaires (une carte d'identité valable) car on m'avait dit que le Suisse, surtout s'il est douanier peut être très sourcilleux sur le règlement (je me demande même si le sketch du douanier de fernand raynaud ne mettait pas en scène un douanier suisse) . Ça doit être vrai pour les douaniers bourbines parce qu'à Genève on m'a laissé entrer sans rien me demander comme si j'étais un vieux rocker venue chercher un repos fiscal.
Je franchis un pont sur le lac, à droite le jet d'eau et une floppée de drapeaux, avec un mot sur chaque (une pub bancaire sans doute) le premier qui me saute aux yeux «Epargner», je me dis que je suis bien arrivé. Et me voilà un samedi après midi en plein G'nève, c'est pas la capitale OK mais c'est une grande ville et là, surprise, mon GPS me balance dans le centre ville, avenue Chantepoulet, puis le siège des nations unies et on circule calmement. Avant de passer au vert, le feu passe à l'orange, et personne n'aurait l'idée de démarrer, chez nous quand le feu des piétons est au rouge, on commence à glisser doucement. Les voitures ne s'agglutinent pas dans un carrefour quand il est déjà bouché, on peut se tromper de file et changer d'un seul coup de clignotant sans avoir droit à un coup de klaxon et d'accélérateur rageur.
Le plus impressionnant c'est sans doute le piéton, de 7 à 97 ans, il arrive gentiment au passage protégé, et sans lever les yeux ou à peine, il s'élance sur la chaussée! Confiant, et il a raison, les automobilistes s'arrêtent pour le laisser passer. Il faudra que la préfecture de police de Paris inclut dans ses statistiques des accidents piétons le pourcentages d'Helvètes. Pour traverser une rue à Paris et plus généralement en France, le piéton vérifie que les voitures sont assez loin pour s'arrêter, puis il avance un pied et attend en fixant des yeux l'automobiliste pour être sûr qu'il s'arrêtera, et oui, le Français est un être sensible qui ne dormirait pas bien en ayant en tête le regard triste du piéton qu'il a écrasé. Quand il traverse à un passage protégé doublé d'un feu, le Suisse traverse encore plus tranquillement, le français vérifie quand même avant qu'un automobiliste ayant accéléré en voyant le feu orange va bien s'arrêter; le piéton Suisse traverse et hâte le pas s'il voit que le feu piéton passe au rouge, pour ne pas déranger, le piéton parisien lui prend son temps, toujours en fixant l'automobiliste comme pour lui dire, «t'as vu, t'as une belle voiture qui coûte cher, moi je suis à pied et je t'emm...»
Les cyclistes sont nombreux malgré le relief, faut dire que bus et métros à Lausanne sont prévus pour accueillir le cycliste et sa monture, et que d'innombrables pistes leurs sont réservées. Ça pédale gaiment jeunes et vieux avec de beaux vélos et en particulier des vélos à assistance électrique (enfin ça m'a attiré l'oeil car je suis en quête).
le grand dépaysement du voyageur, c'est la nourriture. Le Suisse ne se nourrit pas que de Gruyère et de chocolat, il mange des trucs bizarres, par exemple du Cénovis, présenté en tube ça ressemble à du cirage marron, mais sur des toasts avec un peu de beurre, c'est délicieux, des arômes de bouillon de viande, une odeur de levure de boulanger. Le Suisse mange de la « moutarde de Bénichon », étonnant ce nom de moutarde car c'est une sorte de compote aromatisée d'épices divers qui rappelle le goût des pâtisseries viennoises à base de pommes et de confitures. Le Suisse boit du Rivella, ne faisant pas partie de la communauté européenne qui éponge les excédents, ils fabriquent une boisson pétillante à base de lactosérum ,(autrement dit le petit lait, ce liquide qui reste quand on au fond du pot de fromage blanc) http://www.rivella.fr/, en dehors de l'eau, de la bière, du cidre et du champagne, j'aime pas trop les trucs gazeux donc je suis hors jeu, mais c'est certainement pas pire que pas mal de sodas. Mon séjour était trop court et il faisait trop chaud pour que je m'attarde plus longtemps sur la gastronomie.
Dans mon catalogue de clichés, les Suisses devaient s'habiller comme Heidi si c'était des filles et comme son grand père pour les garçons, non, la mondialisation passe par là comme ailleurs, même pas le style «mode allemande» ou alors la mode du orange et marron à imprimé grotesques étant revenue chez nous aussi, je n'ai pas eu la sensation de tourner dans «good bye lénine» ressentie en allemagne. Toujours dans mon catalogue, les Suisses sont riches, pas tous apparemment, certains quartiers le prouvent, même si je n'ai pas trouvé la densité de tendeurs de main qu'on trouve en zone touristique chez nous.
Les Suisses n'ont pas tous un coucou pour leur donner l'heure, les Suisses ne parlent pas tous comme le type de la pub ovomaltine
pub Ovomaltineenvoyé par najfock.et même qu'ils parlent vite. La Suisse c'est très propre, presque partout,
non, c'est pas un français qui a laissé sa fourchette de pique nique, c'est du land art,
c'est propre, on trie les déchets mais on met les moyens pour .
ce sont des poubelles et pas du land art
on collecte les PET (non j'ai pas oublié le s, il s'agit de la catégorie de plastique) ce n'est pas du land art.
et même les algues dans le petit port d'Yverdon n'ont quà bien se tenir
On trie et si possible en silence pour ne pas déranger.
Les espaces publiques autour du lac Léman sont vastes, on y marche gaiement sur les pelouses et même on y fait du barbecue et autres feu de camp, il n'y a pas pour autant de gardien tous les 100 mètres, on s'y baigne sans qu'il y ait écrit baignade dangereuse ou interdite pour décharger la responsabilité du maire, et il n'y a pas un CRS pour surveiller toutes les plages. La campagne Suisse est très «ordonnée» très rangée et peignée, on y circule à 80km/h en dehors des agglomérations. Un bain dans le lac Léman et ce paysage sous les yeux,
CLIC
un train de voyageurs en bas, des voitures qui circulent à mi hauteur et un train de marchandises en haut, entre 2 les vignes, j'avais l'impression de me trouver dans un paysage de train électrique.
Dans les clichés on range le Suisse parmi les peuples froids, erreur, en tout cas ceux que j'ai pu fréquenter, courtois et chaleureux; un exemple, un mercredi soir, au pied de la cathédrale de Lausanne avait lieu une fête au profit du centre d'animation de la cité. Un orchestre, des tables, une buvette et ce soir là 5 à 700 personnes qui se retrouvent pour chanter tous ensemble, et pas pour yodler, distribution gratuite des livrets de paroles et jeunes ou vieux tout le monde se lance dans une sorte de grand karaoké avec orchestre, le tout dans la bonne humeur et une grande convivialité; et comme il y avait entre autre Nougaro et cette chanson au programme, comment voulez vous que je n'ai pas trouvé la Suisse accueillante
orchestre jauneenvoyé par christian-D. - Regardez la dernière sélection musicale.ça a quand même une autre gueule que des gens qui s'entassent pour une soi disant fête de la musique où ils ne font que rester passifs.
Etait-ce les vacances, en tout cas, j'ai trouvé une ambiance très carpe diem à ce séjour helvète, depuis; je m'amuse « à faire le Suisse » en ville, j'adore l'oeil inquiet du piéton lorsqu'on s'arrête pour le laisser traverser et qu'il a l'air de se demander si on ne va pas profiter de sa baisse de vigilance pour lui demander l'aumone, j'adore les excités qui zigzaguent comme Schumacher chauffant ses pneus avant un grand prix quand je respecte la traversée d'un hameau à 50, je fais des toasts au Cénovis pour les apéros (délicieux avec une tomate cerise ou une rondelle de courgette du jardin), je me régale d'Etivah au lait cru et j'étudie les recettes de la moutarde de Bénichon sur le net.
on dirait l'Italie, mais en propre sans le linge au fenêtre et les rues crades...